Bjarne Riis a annoncé jeudi qu'il ne viendrait pas sur le Tour de France. Une décision qui devrait ravir les organisateurs. Sans son manager emblématique, l'équipe CSC n'arrive toutefois pas à Londres sans ambition. Elle veut se battre sur tous les fronts.
Si vous allez faire un petit tour sur le site officiel de l'équipe CSC, vous ne pourrez pas le rater. Le programme anti-dopage de la formation danoise est particulièrement mis en avant sur la page d'accueil. Evidemment, compte tenu de la situation de son manager sportif, Bjarne Riis, pareil engagement peut prêter à sourire. Riis, qui a avoué s'être dopé lorsqu'il était chez Telekom, est devenu le premier maillot jaune déchu de son titre. CSC a pourtant confirmé l'ancien "champion" dans ses fonctions. Indésirable sur le Tour de France, il a annoncé jeudi en fin de matinée qu'il ne viendrait pas sur la Grande Boucle. "C'était une décision extrêmement difficile, mais elle est à 100% mienne et n'a pas été prise sous des pressions d'aucune sorte", a-t-il expliqué dans un communiqué.
En agissant de la sorte, Riis a voulu protéger son équipe, jurant qu'il n'avait jamais été question de dopage chez CSC. "Je sais que nous luttons plus durement, plus que n'importe quelle autre équipe pour éradiquer le dopage du sport", a-t-il martelé. Evidemment, dans sa bouche, le crédit de pareilles paroles a perdu du poids depuis deux mois... C'est donc dans ce contexte troublé que l'équipe scandinave aborde le prologue londonien, en essayant de faire fi des suspicions. Carlos Sastre en dira le minimum sur le sujet. "J'ai aussi énormément de respect pour Bjarne Riis en tant que personne", a soufflé l'Espagnol lors du dernier Dauphiné. Pour le reste, basta. Place à la course. Même sans Ivan Basso, qui a porté les espoirs du groupe jusqu'à... la veille du départ du Tour 2006, la CSC nourrit de légitimes ambitions.
Sastre: "Ça peut devenir terrible"
Sastre, justement, a les épaules pour tenir la baraque. Le Madrilène avait échoué au pied du podium l'an dernier, sans jamais démériter, d'autant qu'il lui avait fallu assumer à l'improviste un statut de leader suite à l'éviction de Basso. Il fut même épatant dans la montée de Joux-Plane, dernier grand col du Tour, seule derrière la mobylette Landis. Préparé spécifiquement pour le Tour, il apparait dans la catégorie des gros outsiders, juste derrière les Vinokourov, Klöden et Valverde. De la même génération que les deux premiers, il tient peut-être la chance de sa vie.
Pas question cependant de se mettre une pression excessive. Sastre veut faire sa course, rien de plus. Ses adversaires? Il ne s'en occupe pas. "De toute façon, explique-t-il, le rival le plus difficile à battre, c'est le Tour de France lui-même. C'est tellement long, tellement dur... Le climat peut aussi jouer un grand rôle. S'il se met à faire très chaud, ça peut devenir terrible. " Véritable homme du Tour (il a terminé trois fois dans les 10 premiers depuis 2002), Sastre est la fiabilité incarnée. Il donne ce qu'on attend de lui.
Schleck veut encore apprendre
La nouvelle donne, par rapport à 2006, viendra peut-être de Frank Schleck. Vainqueur à l'Alpe d'Huez l'an passé devant Cunego, le Luxembourgeois a pris date pour l'avenir. Sa campagne de classiques au printemps s'est révélée moins fructueuse qu'il ne l'escomptait, mais il possède le talent pour s'installer dans le Top 10. Au moins. A charge pour lui de prendre le relais après la formidable deuxième place de son frère cadet, Andy, sur le dernier Giro. Plus mûr (27 ans), Frank n'en reste pas moins en phase d'apprentissage à ce niveau, selon ses propres dires. "J'ai encore besoin d'emmagasiner de l'expérience sur une course aussi dure que le Tour de France. CSC est l'équipe idéale pour cela, avec des garçons comme Carlos, O'Grady ou Voigt."
CSC compte pourtant sur lui dès cette année. S'il est au niveau, il aura sa chance. Carlos Sastre ne s'en offusque d'ailleurs pas. "C'est important pour l'équipe de pouvoir s'appuyer sur Frank et pas seulement sur moi. L'essentiel, c'est de jouer la bonne carte au bon moment ", estime le Castillan. Des atouts, CSC peut en abattre sur tous les terrains. Le général, avec son tandem complémentaire, mais aussi sur les sprints, avec O'Grady, sur les terrains de transition, par l'intermédiaire d'un Voigt, mais aussi sur les chronos. Avec David Zabriskie et Fabian Cancellea, l'équipe danoise dispose de deux des meilleurs rouleurs du peloton. Dès samedi, le maillot jaune sera dans toutes les têtes. Même sans Bjarne Riis.