Le lourd passif des Tours de France 2006 et 2007 a incité son directeur Christian Prudhomme à rejeter l'équipe Astana de toutes les courses 2008 organisées par ASO. Le directeur du Tour a expliqué mercredi les raisons de ce choix.
CHRISTIAN PRUDHOMME, pourquoi avoir évincé Astana ?
C.P. : "On ne peut pas tirer un trait, comme cela, sur ce qui s'est passé ces deux dernières années. Non seulement en 2007 mais aussi en 2006. Nous n'avons pas le droit d'avoir la mémoire courte. En 2006, une équipe naît sur les cendres de Liberty Seguros. Dans cette équipe-là, la moitié des coureurs est citée dans l'opération Puerto et, de fait, ne peut pas prendre le départ du Tour. L'année suivante, on nous explique qu'il y a une nouvelle équipe, un nouvel encadrement, que tout est nouveau. On leur fait confiance, on les invite sur le Tour. Nous avons reconnu que nous avions fait une erreur de les prendre. Nous ne voulons pas refaire la même erreur deux fois de suite."
L'encadrement et une partie des coureurs ont de nouveau changé chez Astana...
C.P. : "Cette année, c'est une deuxième nouvelle équipe, qui nous redit la même chose que l'année dernière: 'on n'a rien à voir avec le passé'. Ce qui est vrai... sauf que l'on ne peut pas solder ce passé comme cela. Tout ce qui est annoncé pour 2008, les nouvelles mesures, les contrôles internes, etc, c'est très bien. On ne souhaite qu'une chose, que cela marche. Si ça marche, on les reverra dans nos épreuves un peu plus tard. Mais pas cette saison."
Est-ce une punition ?
C.P. : "Non. On se retrouve seulement dans la même situation que l'année dernière. On a déjà payé pour voir. Cette fois-ci, on veut attendre. On est dans le solde du passé. D'ailleurs, Johan Bruyneel (manager d'Astana, ndlr) l'a dit à maintes reprises: 'je ne peux pas effacer ce qui s'est passé'."
Est-ce que vous ne faites pas confiance au nouveau passeport sanguin, obligatoire pour tous les coureurs ?
C.P. : "C'est une très belle avancée, sans aucun doute, un outil extrêmement important mais ce n'est pas l'arme absolue."
Pourquoi avoir seulement sanctionné Astana ? Et pas High Road (ex T-Mobile) par exemple ?
C.P. : "On n'est pas dans la même situation. L'affaire Sinkewitz s'est passée avant le Tour. Si chacun avait voulu protéger le Tour, nous aurions connu le résultat le concernant avant le départ du Tour."
Contador paye-t-il les soupçons qui l'ont entouré l'an dernier ?
C.P. : "Ce n'est pas une mesure anti-Contador, en aucune manière. Cela ne nous amuse pas de ne pas avoir Contador mais le système dans le cyclisme est ainsi fait depuis plus de cinquante ans que ce sont les équipes qui sont sélectionnées."
Quand sera connue la sélection (des équipes) pour le Tour ?
C.P. : "On la donnera avant la fin du mois."
Vous attendez-vous à des suites judiciaires de la part d'Astana ?
C.P. : "On verra. Nous avons le devoir et la volonté de protéger, de défendre le Tour de France. On ne peut pas faire table rase du passé."
Que répondez-vous à ceux, l'UCI ou l'association des coureurs, qui ont mis en cause la sélection des équipes par les organisateurs, à commencer par le Giro ?
C.P. : "On ne veut pas d'arbitraire, on veut un système fondé sur le sport. 2008 est une saison très particulière durant laquelle le cyclisme n'a pas de droit à l'erreur. Bien évidemment, il faut des critères parfaitement définis pour 2009 et les saisons suivantes. Là, on est dans une situation particulière qui n'est pas de notre fait."