Cette année, Agritubel, était (une fois encore) la première...pour la présentation. Après les réjouissances du Futuroscope de Poitiers, l'équipe partait en stage en Bretagne. La carrière pro de Romain Feillu débutait comme ça...
"La partie de l'équipe qui n'était pas partie en Australie pour le Tour Down Under, s'est retrouvée à Pen Bron pour un stage. Mais les conditions météo étaient parfois limite. Faire six à sept de vélo sous la pluie ne me dérange pas trop en compétition mais à l'entraînement, c'est plus difficile à avaler. Enfin, il faut en passer par là...
Après l'intermède breton, direction le Qatar. C'était la toute première fois de ma carrière que j'allais disputer une course hors d'Europe. Au niveau climat et de l'hébergement, c'est vraiment le top. Lors de la deuxième étape, je me sentais pas trop mal et je voulais voir où j'en étais - après tout ce n'était que mon troisième jour de compétition chez les pros - je suis donc parti en contre avec un T.Mobile (Eric Baumann, ndlr) pour rechercher un coureur qui s'était échappé dès le début de l'étape (l'Irlandais Paul Healion, ndlr). Mais un groupe si restreint n'a vraiment que peu de chance de succès face à un peloton lancé à toute allure. D'ailleurs, les derniers kilomètres de cette course sans aucun relief, se courent à un ryhtme de folie. Le dernier jour, j'ai même essayé de me mêler au sprint : l'approche de la dernière ligne droite est vraiment impressionnante quand les Quick Step de Boonen ou les Milram de Petacchi roulent à bloc. Les 65 km/h sont largement dépassés !
Au retour du Qatar, ma direction sportive a décidé de m'aligner sur le GP de la "Marseillaise". La course a démarré de façon bizarre, avec une multitude d'attaques. Et quand la bonne est partie, aucun Agritubel ne s'y trouvait. Nous avons donc entamé la poursuite, mais quand on a vu que personne ne voulait nous donner un coup de main (même la "Française des Jeux" qui n'était pas représentée à l'avant), on a laissé tomber. Finalement, dans la dernière partie de course, alors qu'on navigait à une vingtaine de minutes des coureurs de tête, je suis sorti en compagnie d'un autre coureur pour finir 17e, soit premier...des non-classés !
Je n'étais pas aligné sur l'Etoile de Bessèges, mais les cinq jours qui ont suivi, je suis resté dans la région. En effet, ma grand-mère possède un petit pied-à-terre à Fréjus et depuis plusieurs années je m'y rend régulièrement pour faire des bornes sous des cieux cléments. J'ai alors appris que j'étais retenu pour faire le Tour Méditerranéen.
Déçu de notre entrée en matière - l'équipe Agritubel ne prenait que la 12e place du clm par équipes du premier jour - je décidais de passer à l'attaque l'après-midi. J'aurai souhaité avec un ou deux autres coureurs pour m'accompagner dans mon échappée, mais je me suis retrouvé bel et bien tout seul. Avec plus de dix minutes d'avance à 70 km de l'arrivée, j'ai commencé à croire en mes chances. Mais la suite ne s'est pas tout a fait déroulée comme prévu. Je possédais encore un avantage de 1'45" à une quinzaine de bornes de l'arrivée quand la voiture ouvreuse s'est engagée sur une mauvaise route. Lorsque le conducteur s'est rendu compte de son erreur, il a freiné brusquement et pour l'éviter je me suis retrouvé au sol. Sans dommages apparents mais à l'heure qu'il est - soit une bonne semaine plus tard, ndlr - j'en garde toujours quelques séquelles. Et avec un peu de recul, je me dis que je ne suis pas passé loin de la victoire. Trop handicapé par cette chute, j'ai fait "gruppetto" dans l'étape du Mont Faron, donc je ne sais pas à quelle allure ça grimpait à l'avant...
La dernière étape du Tour Med, qui empruntait le final de Milan-San Remo, m'inspirait aussi. Plusieurs coéquipiers m'avaient dit que le Poggio n'était vraiment pas très impressionnant. Pourtant, moi je l'ai trouvé assez long et à vrai dire assez difficile. Ca me faisait bizarre de passer au milieu de ces paysages que je ne connaissais que via mon écran de télévision...Auparavant, je n'étais pas resté inactif puisque j'étais sorti en compagnie d'un autre coureur au sortir de la Cipressa, juste après la fin de l'échappée de Sylvain Chavanel. Mais sans vraiment creuser un écart...
Après ces cinq jours de course, j'ai réintégré ma base arrière de Fréjus où mes routes d'entraînement se confondent avec le parcours du Tour du Haut-Var, ma prochaine compétition. Ensuite, ça sera les Trois Jours du Vaucluse et pourquoi pas Paris-Nice..."