Après son excellent Tour d’Italie 2005, José Rujano affole le marché des transferts. Il optera pour Quick Step. Tout comme la fin de son aventure avec Sella Italia, son passage dans la formation de Patrick Lefévère est un cinglant échec. Aujourd’hui, il porte les couleurs d’Unibet et aura fort à faire pour prouver qu’il n’était pas une étoile filante.
L'ACTUALITE IL Y A UN AN
Fin février 2006, José Rujano ne participe pas à la présentation de son équipe Selle Italia. Son manager déclare : "Rujano ne courra plus jamais pour Selle Italia. L'équipe devra se contenter de le voir porter son maillot à l'entraînement. Sa première course de l'année sera le critérium du Dauphiné Libéré, puis il fera le Tour de France pour Quick-Step.".
LE CONTEXTE : MESENTENTE AVEC SON EQUIPE
C'est durant le Giro 2005 que Rujano se révèle au grand public. Il termine 3e, remportant au passage une étape et le maillot de meilleur grimpeur. Il ne termine qu'à 45 secondes du vainqueur Savoldelli alors qu'il a perdu 5 minutes dans le premier contre-la-montre où il a changé trois fois de vélo. Gianni Savio, son directeur sportif, a réussi là un de ses plus beaux coups en allant chercher le Vénézuélien.
En fin d'année tout le monde souhaite le recruter et Savio sait que le contrat qui le lie avec son coureur jusqu'en 2006 ne tiendra pas longtemps face à l'appétit des grosses cylindrées. Il trouve un accord avec Quick Step arrangeant les deux parties : jusqu'à la fin du Giro Rujano restera chez Selle Italia, puis filera terminer la saison en Belgique.
En janvier 2006, Rujano déclare : "Je veux dédicacer mon premier maillot rose à Gianni Savio"
La fin de l'idylle commence quelques semaines plus tard lorsque l'agent de Rujano demande une augmentation de salaire pour son client.
LA SUITE : DEUX ABANDONS SANS GLOIRE
Rujano commence par déclarer forfait pour sa rentrée au GP Chiasso.
Il ne reprend que le 16 avril au Giro d'Oro. Ses premiers résultats sont encourageants : 11e du Tour du Trentin et 7e du Tour des Apennins. Le différent semble apaisé : "Je me sens bien et heureux de courir en Italie à nouveau." Il confirme sa participation au Giro avec Selle Italia avant de partir en Belgique et annonce ses ambitions : "Au moins dans les trois premiers du Giro et dans les cinq premiers du Tour".
Le Giro commence par une 46e place dans le prologue à 49 secondes du vainqueur Savoldelli. Il est déjà distancé par les autres grimpeurs comme Cunego (15e à 25 s) et Simoni (16e à 26 s). Avant que les choses sérieuses ne commencent, il accuse déjà un retard de 3'33" et annonce être malade. La première étape de montagne ne le rassure qu'à moitié. Sur une montée sèche, il perd 1'50", mais termine 9e. Sa 30e place dans le contre-la-montre individuel le fait remonter à la 14e place du général (à 9'19"). Le Vénézuelien est loin de ses ambitions, mais son comportement reste honorable.
La 13e étape est un tournant. Rujano attaque au pied de l'unique ascension du jour. Il est rapidement repris et lâche prise. Au sommet, il a plus de 2 minutes de retard. Il attaque la descente où il abandonne à 3 km de la ligne d'arrivée. Il aurait eu un refroidissement et mal à l'estomac. Son directeur sportif s'avoue "surpris". Le lendemain, il juge l'attitude de son futur-ex-coureur, "stupide" et parle de mauvais conseillers.
C'est à Patrick Lefévère de prendre le relais pour Quick Step et d'annoncer la participation de Rujano au Tour et à la Vuelta : "Je crois beaucoup en lui, il me rappelle les Colombiens débarqués en Europe dans les années 80 qui faisaient de grandes différences dans les cols" (Le Dauphiné libéré).
Sur la Grande Boucle, sa prestation sera encore plus décevante que sur le Giro. Dès la première vraie étape de montagne (Pla-de-Beret), il termine dans un gruppetto à 40 minutes. Il se glisse dans une échappée lors de l'étape de Gap, avant de ne pas prendre le départ de l'étape de Morzine. Sa fin de saison est anodine.
EPILOGUE : UNE TROISIEME EQUIPE EN UN AN
Pendant l'hiver, Rujano et Quick Step se séparent. Il parle de "problèmes personnels" pour expliquer ses contre-performances. Les rumeurs de transferts le concernant vont bon train. Un temps annoncé à la Caisse d'Epargne, il signe finalement chez Unibet.
L'équipe belgo-suèdoise pense avoir trouvé le leader qui lui permettra de se distinguer dans les Grands Tours où elle fera son apparition grâce à sa licence ProTour. Malheureusement, les organisateurs ne sont pas de cet avis et la saison 2006 de Rujano ne doit guère les convaincre.
De son côté, le Vénézuelien a repris la compétition tôt cette année, au Tour du Langkawi. Il y retrouve une forme honorable avec notamment une 3e place dans l'étape reine de Genting Highlands. Mais sa 21e place finale montre qu'il n'a pas encore retrouvé sa forme de 2005.